Généralités
En parallèle de la prise du traitement médicamenteux, une prise en charge psychothérapeutique est recommandée.
La prise en charge psychothérapeutique seule ne suffit pas à soigner la schizophrénie. Elle doit être un complément au traitement médicamenteux qui reste la base du traitement de la schizophrénie
La prise en charge psychothérapeutique a pour objectif d’aider le patient à gérer au mieux sa vie avec le diagnostic de schizophrénie. Elle vise également à aider le patient à retrouver une identité et un rôle social dans le milieu qui était le sien avant l'apparition de la maladie.
Psychoéducation:
La psychoéducation donne une information au patient sur sa maladie, ses conséquences et les possibilités de traitement. La psychoéducation participe aux processus d’acceptation de la maladie et d’adoption par le patient et son entourage de changements de comportements durables. En précisant ses connaissances sur la maladie, les médicaments, en apprenant à bien identifier ses symptômes et les conséquences de sa pathologie, le patient acquiert une maitrise et un savoir-faire, il apprend à contrôler ses symptômes et son traitement et devient alors acteur de sa maladie et de la prévention des rechutes. La psychoéducation améliore la prise de traitement et l’alliance thérapeutique entre le patient et les soignants ou les soins. La psychoéducation développe les capacités du patient à faire face à la maladie. Cela renforce le sentiment d’auto-efficacité du patient. Ce type de démarche permet de rendre le patient acteur de sa prise en charge.
Réhabilitation psychosociale
Psychoéducation pour les aidants :
La psychoéducation des aidants (famille, amis, entourage proche du patient) donne une information objective sur la schizophrénie, ses symptômes, ses conséquences, le traitement et les modalités évolutives. Elle donne aux aidants une vision réaliste de la schizophrénie, des moyens pour faire face aux symptômes de la schizophrénie au quotidien et des perspectives d’avenir. Elle permet de partager avec les aidants des stratégies spécifiques de modification des comportements afin d’améliorer les relations.
La psychoéducation des familles est une intervention particulièrement efficace, tant sur le bien-être de la famille que sur l’évolution du malade. Elle constitue l’une des modalités essentielles pour le rétablissement du malade dans l'approche de réhabilitation psychosociale.
Remédiation cognitive :
La remédiation cognitive est importante dans la schizophrénie où dans 70 % des cas des troubles cognitifs sont retrouvés. Préalablement à des séances de remédiation cognitive, il faut réaliser un bilan neuropsychologique afin de déterminer les fonctions cognitives qui sont altérées chez le patient et de cibler la remédiation cognitive sur les fonctions cognitives altérées (attention, mémoire, planification de tâches, flexibilité cognitive). La remédiation cognitive permet de diminuer le handicap fonctionnel et d’améliorer les capacités d’insertion des patients dans la société.
Des séances de remédiation cognitive peuvent être réalisées par des neuropsychologues ou des orthophonistes. Des logiciels permettent également de faire des séances de remédiation cognitive.
Entrainement aux habilités sociales :
Les habiletés sociales sont l’ensemble des capacités cognitives et comportementales qui nous permettent de communiquer nos émotions et nos besoins, de façon compétente et d’atteindre nos objectifs interpersonnels. L’entraînement des habiletés sociales vise à trouver et à appliquer des solutions aux problèmes concrets du quotidien et à permettre aux patients de s’insérer dans une vie sociale et relationnelle satisfaisante en-dehors de l’univers psychiatrique. Les techniques utilisées traditionnellement comprennent l’établissement d’objectifs, le jeu de rôle, la présentation de modèles, des conseils, le feed-back oral et vidéo, une méthode de résolution de problèmes, la prescription de tâches à accomplir entre les séances.
L’entraînement aux habilités sociales permet d’améliorer le fonctionnement des patients dans la société et la qualité des relations sociales.
Affirmation de soi :
L’affirmation de soi permet d’acquérir les compétences de base pour une communication efficace, de diminuer l’anxiété sociale et d’augmenter la confiance en soi. Il permet de contribuer au développement de l’estime de soi. Les techniques d’affirmation de soi permettent d’apporter des outils pour rendre les échanges plus équilibrés et y trouver de la satisfaction.
Gestion du stress :
Les situations stressantes font parties des facteurs de risque de décompensation de la schizophrénie. Les patients atteints de schizophrénie sont plus sensibles au stress que d’autres personnes. C’est pourquoi, il est important d’apprendre à contrôler les situations stressantes. La prise en charge psychothérapeutique de « la gestion du stress » permet de donner des stratégies cognitives (modification des penses négatives sur le monde et sur soi, aide pour faire face aux évènements stressants de la vie) et physiques (relaxation, respiration abdominale ou méditation) pour limiter l’effet du stress ou des pressions extérieures.
Psychothérapies individuelles:
Une prise en charge psychothérapeutique individuelle est aussi efficace pour les patients ayant une schizophrénie en complément du traitement médicamenteux. Elle permet de mieux reconnaitre et de mieux répondre à divers situations ou stimuli environnementaux qui pourraient conduire à une réapparition ou une aggravation des symptômes de la schizophrénie en discutant directement avec le thérapeute de ce que vous ressentez, des problèmes auxquels vous êtes confrontés et des relations que vous avez avec votre entourage et dans la société.
Il existe plusieurs types de psychothérapies individuelles. Les Thérapies de type Cognitive et Comportementale (TCC) sont celles qui sont le plus adaptées dans la prise en charge de la schizophrénie. Les TCC permettent aux patients qui ont des symptômes résiduels de schizophrénie (comme des voix ou des idées délirantes) malgré le traitement médicamenteux de les aider à mieux y faire face et à mieux les supporter. Les TCC permettent aussi de travailler sur les symptômes négatifs de la schizophrénie.
Hasan 2012, 2013, 2014; HAS, 2017